Nutrition infantile et développement du diabète de type 1
L’étude TRIGR est une étude d’intervention randomisée d’envergure internationale. Elle réfute l’hypothèse selon laquelle la consommation de lait dans la petite enfance augmenterait l’incidence du diabète de type I.
Le résultat tant attendu de l'étude internationale TRIGR, comprenant 2159 enfants recrutés entre mai 2002 et janvier 2007 dans 78 centres d’études de 15 pays - dont le DECCP (Diabetes Endocrinology Care Clinique Pédiatrique) du CHL, montre que le lait pour nourrissons dans lequel les protéines du lait de vache ont été fractionnées ne prévient pas le diabète de type 1 chez les enfants présentant un risque génétique de diabète de type 1.
Certaines etudes constataient une corrélation entre la consommation précoce de protéines étrangères complexes, comme les protéines du lait de vache, et le risque d’apparition d’un diabète de type I chez les personnes présentant un risque génétique de diabète de type 1. Il fallait une étude d’intervention pour investiguer plus avant cette possible relation. C’est ce que s’est proposé de réaliser l’étude TRIGR (Trial to Reduce IDDM in the Genetically at Risk).
“En 2002, nous nous sommes donc lancés dans une étude à grande échelle sur 2159 nourrissons atteints d'un membre de leur famille atteint de diabète de type 1 et présentant un risque génétique pour le diabète de type 1 afin de trouver une réponse à la question de savoir si retarder l'exposition à des protéines étrangères complexes diminuerait le risque de diabète ", explique le professeur Mikael Knip de l'Université d'Helsinki, l’investigateur principal et coordinateur de l'étude internationale TRIGR (https://www.trigr.org/).
Après l'arrêt de l’allaitement, les nourrissons ont reçu ou bien un lait spécial (caséine fortement hydrolysée) - les protéines du lait de vache étant divisées en petits peptides (petits morceaux de la protéine)- ou bien un lait de bébé normal à base de lait de vache contenant des protéines intactes.
Les nourrissons ont reçu le lait spécial pendant au moins 2 mois, jusqu' à l'âge de 6 à 8 mois, tout en évitant les protéines du lait de vache provenant d'autres sources alimentaires. Les participants ont été suivis pendant au moins 10 ans pour évaluer le pourcentage d'enfants développant des signes cliniques d’un diabète.
Après environ 11,5 années de suivi, les résultats dans cet essai international montrent que l’utilisation d’un lait à base de caséine fortement hydrolysée pendant la petite enfance ne réduit pas l'incidence du diabète de type 1 par rapport au lait de bébé habituel à base de lait de vache. Par conséquent, il n'existe donc aucune preuve permettant de réviser les recommandations alimentaires actuelles pour les nourrissons à risque élevé de diabète de type 1.
L'étude menée dans 78 centres d’études de 15 pays, dont le DECCP de la Kannerklinik du CHL, a principalement été financée par les National Institutes of Health (NIH), les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et la Commission des Communautés européennes.
Article: Effet de la préparation pour nourrissons hydrolysée par rapport à la préparation conventionnelle sur le risque de diabète de type 1: l'essai clinique randomisé TRIGR
Groupe de rédaction du groupe d'étude TRIGR: Knip M, Åkerblom HK, Al Taji E, Becker D, Bruining J, Castano L, Danne T, de Beaufort C, Dosch H-M, Dupre J, Fraser WD, Howard N, Howard N, Ilonen J, Konrad D, Konrad D, Kordonouri O, Krischer JP, Lawson ML, Ludvigsson J, Madacsy L, Mahon JL, Orm JAMA 2018;319: sous presse (a été publié le 2 janvier 2018).
Pour plus d'informations:
- Dr Carine de Beaufort: debeaufort.carine@chl.lu - Médecin spécialiste en endocrinologie-diabétologie pédiatrique
- Dr Ulrike Schierloh: schierloh.ulrike@chl.lu - Médecin spécialiste en endocrinologie-diabétologie pédiatrique
L’équipe du DECCP (Diabetes Endocrinology Care Clinique Pédiatrique) du CHL