La prothèse de genou

La prothèse de genou

Le genou est l’articulation la plus grande et la plus complexe du corps humain. À cause de sa stabilisation musculaire et ligamentaire et des efforts quotidiens importants auxquels elle est soumise, elle est sujette aux traumatismes et aux maladies dégénératives.

Le genou fait la jonction entre le fémur et le tibia, qui articulent avec des surfaces cartilagineuses ; entre les deux os et leurs couches de cartilage
se trouvent des amortisseurs importants : les ménisques. La rotule, troisième os dans l’articulation, est en contact cartilagineux avec le fémur et intervient dans le mécanisme complexe de l’extension du genou; le tendon du muscle quadriceps et le tendon rotulien y sont attachés.

Sans stabilisation extérieure, la construction fémur-rotule-tibia serait instable. Un appareil ligamentaire puissant est donc nécessaire pour maintenir en contact le fémur et le tibia, pouvant ainsi garantir la stabilité du genou. Cet appareil est composé essentiellement des ligaments collatéraux et des ligaments croisés.

 

L’arthrose du genou

Elle est définie comme l’usure du cartilage suite à des processus dégénératifs avec en conséquence des déformations osseuses et ligamentaires. Il en résulte une perte de fonction de l’articulation et l’apparition des symptômes suivants : douleur, raideur, limitation de la marche et souvent gonflement. La douleur est considérée comme le symptôme cardinal.

Les causes de l’arthrose sont nombreuses, les plus importantes étant la surcharge articulaire en raison d’une surcharge pondérale ou d’une déformité de l’articulation (jambe en « O » ou jambe en « X »), les inflammations dans le cadre de maladies rhumatologiques, les conséquences de traumatismes articulaires, les prédispositions familiales, etc.

Pour les différents stades de l’arthrose, il existe de nombreuses possibilités thérapeutiques. Les traitements dits conservateurs comprennent le traitement médicamenteux avec des antiinflammatoires (Diclofenac, Ibuprofène,…), les injections intra articulaires de corticostéroïdes ou d’hyaluronate ainsi que de nombreuses formes de kinésithérapie (renforcement musculaire, gymnastique, applications de chaleur et de froid,…). Les traitements chirurgicaux peuvent êtres divisés en interventions conservant l’articulation (ostéotomies, interventions arthroscopiques ménisco-cartilagineuses) et celles qui remplacent l’articulation (prothèses du genou).

En Europe, le nombre de prothèses du genou implantées par année s’élève à environ 200 000. L’expérience des prothèses du genou est vieille d’environ 30 ans, avec des types d’implants et des techniques chirurgicales en constante évolution.

L’indication de l’implantation d’une prothèse est posée quand l’arthrose devient très douloureuse, l’impotence fonctionnelle devient invalidante et le traitement médicamenteux n’est plus efficace. L’indication prend également en considération l’état général et l’âge du patient, ainsi que les déformations de l’articulation résultant de l’arthrose. Le but d’une prothèse du genou est de rendre l’articulation «indolore, stable et mobile» afin de permettre au patient de reprendre ses activités personnelles, professionnelles et parfois sportives.

La prothèse du genou

Il existe différents types de prothèses dont les indications sont posées selon le degré de déformation du genou. La conception de ces prothèses a pour but une résection osseuse minimale et une stabilisation maximale par les ligaments propres du genou.     

Types de prothèses   

La prothèse unicompartimentale («demi-prothèse») est indiquée dans le cas où un compartiment seulement de l’articulation est atteint d’arthrose et que les autres compartiments du genou et les ligaments sont intacts.

La prothèse bicondylienne (dite «à glissement») avec possibilité de resurfaçage de la rotule («prothèse tricompartimentale») est indiquée dans le cas où plusieurs compartiments du genou présentent des déformations arthrosiques étendues, éventuellement avec des atteintes ligamentaires. Elle est également indiquée dans le traitement chirurgical des arthrites rhumatismales.

La prothèse de révision non contrainte sert aux changements de prothèses dans des situations où une perte osseuse importante doit être comblée et où certains ligaments du genou fonctionnent encore.

La prothèse à charnière rotatoire remplace l’articulation quasiment dans son entièreté. Elle est en général réservée aux déformations importantes, aux destructions ligamentaires sévères et aux reprises compliquées de prothèses.

Types de matériaux     

Les prothèses sont constituées de matériaux anticorrosifs hypoallergiques. Les composants métalliques sont le plus souvent constitués d’alliages en chrome-cobalte-molybdène-vanadium ou en titane. Entre les parties métalliques de la prothèse se trouve une surface de glissement en polyéthylène qui a la propriété d’être très dure et présente par conséquent une usure minimale. Elle est fixée à la partie tibiale de la prothèse.

Types de fixation

La majorité de nos prothèses de première intention sont fixées avec du ciment osseux. Ce ciment est constitué de polymères de méthacrylate de méthyle (PMMA). Le grand avantage de cette technique est qu’elle permet une fixation rapide et durable des composants métalliques à l’os, ainsi qu’une mise en charge postopératoire immédiate.

Dans certains cas, des prothèses non-cimentées sont utilisées ; la mise en charge postopératoire doit alors être adaptée selon le cas; le scellement à l’os prend environ 6 semaines.

Avant l’opération, un examen cardio-vasculaire et pulmonaire est pratiqué. En fonction des résultats, l’anesthésiste choisit le type d’anesthésie. Habituellement, les prothèses du genou sont posées sous anesthésie générale. Des radiographies spéciales doivent être réalisées afin de pouvoir mesurer le positionnement exact et la taille de la prothèse à utiliser.

La durée d’intervention varie entre une et deux heures.

Après réalisation de l’incision cutanée et exposition des surfaces articulaires, les déformations cartilagineuses et osseuses sont enlevées, de même que les restes du ligament croisé antérieur et des ménisques. Ensuite, à l’aide d’instruments de résection très précis et hautement spécialisés, les surfaces osseuses du fémur et du tibia sont enlevées afin de correspondre à la forme des composants prothétiques en prenant soin de respecter ou de rétablir l’axe du membre inférieur. Le remplacement de la surface de glissement de la rotule n’est pas systématique et se fait en fonction de la qualité du cartilage rotulien. La taille de la prothèse est vérifiée par des composants provisoires. Une fois le bon fonctionnement des ligaments obtenu (équilibrage ligamentaire), la prothèse définitive est implantée.   

Parfois, il est nécessaire de changer de stratégie au cours de l’intervention et d’implanter un modèle de prothèse différent du modèle choisi lors de la planification préopératoire. Ceci est rendu possible par un stockage systématique de différents types de prothèses au quartier opératoire de l’hôpital. Tous nos systèmes de prothèses permettent ces changements sans qu’un désavantage n’en résulte pour le patient.

Avant la fermeture de la plaie opératoire, 2 drains d’évacuation sanguine, appelés «drains de redon», sont mis en place afin de prévenir l’apparition d’un hématome. La fermeture de la peau se fait avec des sutures ou des agrafes cutanées. Un pansement stérile est appliqué et un bandage mis en place. 

Le traitement postopératoire 

Le séjour à l’hôpital dure, selon le processus de guérison et l’état général, entre 10 et 14 jours.

Dès le lendemain de l’opération, une mobilisation avec mise en charge adaptée aux douleurs, est possible sous la direction de notre équipe de kinésithérapeutes. Les drains de redon sont enlevés dès le deuxième jour postopératoire, les sutures cutanées restent en place pendant environ 12 à 14 jours. 

Pendant les premières semaines, des béquilles sont nécessaires pour soutenir la marche. Quotidiennement, plusieurs traitements de kinésithérapie sont nécessaires afin de permettre une mobilisation rapide et un rétablissement complet de la fonction articulaire. A la sortie de l’hôpital, la plupart des patients sont en mesure d’étendre le genou complètement, de le plier à angle droit et de marcher dans les escaliers avec l’aide de béquilles.

Suite au séjour hospitalier, nous recommandons un séjour d’environ 3 semaines en clinique de réhabilitation, visant à rétablir au maximum la mobilité, la force musculaire et la fonction du genou. Les centres de réhabilitation les plus souvent fréquentés par nos patients sont ceux de Blieskastel, Orscholz ou Bernkastel en Allemagne, ou bien ceux du Rehazenter Kirchberg et de la Clinique de Steinfort au Luxembourg.

Des contrôles médicaux et/ou radiologiques réguliers sont prévus à 6 semaines, 3 mois, 6 mois et 1 an après l’opération. Ensuite, des contrôles annuels sont recommandés. 

Il est important de noter que des douleurs avec gonflements du genou peuvent se manifester pendant les premiers 6 à 8 mois suivant l’implantation. À long terme, une disparition totale des douleurs est obtenue chez +/- 60% des patients. Chez +/- 30% des patients de légères douleurs subsistent, le plus souvent sous forme de gêne, survenant en général de façon épisodique et parfois liées aux changements de temps. Dans +/- 10% des cas, les douleurs sont un peu plus importantes, pouvant parfois justifier un traitement médical, sans qu’il existe une anomalie au niveau de la prothèse et sans qu’une nouvelle opération ne soit nécessaire. Enfin, chez 1-2 % des patients des problèmes plus sévères peuvent survenir (fibrose cicatricielle du genou, infections, descellements, insuffisances ligamentaires etc.), pouvant obliger le chirurgien à proposer une nouvelle intervention chirurgicale.

En postopératoire, nous utilisons la cryothérapie pour diminuer la douleur.
Le manchon que nous plaçons autour du genou autorise la mobilisation et permet de diminuer la dose d’antalgique administrée.

Mobilité et activités conseillées après prothèse du genou

L’implantation d’une prothèse du genou permet de récupérer une bonne mobilité de l’articulation. 

Les types de prothèses utilisées dans notre service permettent en moyenne une récupération de la flexion de l’ordre de 110° à 120°. Le degré de flexion dépend cependant beaucoup de la mobilité préopératoire. La reprise d’une marche normale, sans béquilles et sans limitation de la distance parcourue, ainsi que la montée et la descente des escaliers devient à nouveau possible.

Des activités sportives modérées sont permises avec une prothèse du genou. Il est possible de pratiquer sans limitations de la natation, de la bicyclette et des promenades en terrain plat. Afin de ne pas compromettre la durée de vie de votre prothèse, nous vous déconseillons des activités sportives sollicitant trop le genou, comme le football, le tennis, le squash et le ski alpin. Il est permis de conduire une voiture dès que les béquilles ne sont plus nécessaires pour soutenir la marche, en moyenne 6 semaines après l’opération.

Durée de vie de la prothèse

Les études récentes montrent que la durée de vie des prothèses actuelles est de l’ordre de 15 ans, avec des résultats fonctionnels excellents dans 90% des cas. 

Le risque de détérioration de la prothèse est proportionnel au temps, aux exigences auxquelles elle est soumise et au poids du patient. L’usure de la prothèse, le plus souvent au niveau du polyéthylène, entraîne une inflammation du genou et une destruction de l’os, résultant en un descellement de la prothèse. Cette mobilisation des éléments prothétiques se manifeste par des douleurs et des gonflements de l’articulation, ensemble avec une perte de la fonction du genou. Dans ces cas, après avoir fait les examens complémentaires nécessaires, un changement de la prothèse peut être réalisé.   

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